samedi 25 octobre 2008

Contribution de Jean Leduc, Ancien professeur d’histoire

Voici quelques remarques en réponse à votre appel à contribution et à la réaction de François Grèzes-Rueff. Mon propos se veut réaliste : il me semble impossible de contrer frontalement le processus en cours mais encore possible de l’infléchir, surtout si un moratoire pouvait être obtenu.
1. Concernant les épreuves écrites, je ne suis pas choqué que la référence soit les programmes du secondaire. Au demeurant, n’en va-t-il pas ainsi, d’ores et déjà, pour les CAPES d’autres disciplines que l’histoire et la géographie ? Il faut, toutefois, que trois conditions soient remplies :
- Le niveau de connaissances requis des candidats au CAPES n’est pas celui que l’on demande aux élèves.
- En conséquence, ii ne faut pas demander aux candidats de traiter de n’importe quelle partie de l’ensemble des programmes mais leur proposer une sélection raisonnable de ceux-ci. Cette sélection comprendrait des périodes et des thèmes divers que l’on pourrait renouveler périodiquement. On pourrait envisager quelques points fixes : ainsi, en histoire, on pourrait proposer en permanence l’ensemble du programme de seconde qui a l’avantage d’embrasser l’ensemble des périodes canoniques.
- Les sujets proposés aux candidats leur demanderaient, outre des connaissances « factuelles », de manifester leur capacité à problématiser, à conceptualiser, à donner quelques références bibliographiques, à évoquer tel débat historiographique.
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2. Concernant les épreuves orales :
- Je n’ai rien contre l’épreuve portant sur la connaissance du système éducatif dans les conditions prévues par la note de cadrage, à une exception près : le jury ne doit comporter que des professionnels appartenant à l’Education nationale.
- Le point le moins acceptable du projet est la leçon d’oral consistant à faire comme si le candidat faisait une leçon devant une classe. Même après avoir effectué un stage de sensibilisation en établissement (voir plus loin, point 3) il est impossible de construire un projet de séquence didactique et, a fortiori, absurde de mimer celle-ci devant un jury.
Par quoi remplacer cette partie de l’oral ? Je ne pense pas qu’on puisse maintenir l’épreuve sur dossier telle qu’elle fonctionne actuellement en histoire et géographie. Il faut sans doute regarder du côté de ce qui se pratique dans d’autres disciplines. Le modèle retenu par le projet ministériel est fortement marqué par la pratique de l’ESD en Philosophie (montrer en acte comment on ferait tel cours) ou dans les disciplines scientifiques (expliquer comment on ferait tel cours). Ne vaudrait-il pas mieux regarder du côté des lettres et des langues qui proposent en ESD, non de présenter un projet didactique, mais de réfléchir sur les programmes, les instructions, les manuels, les sujets d’examen. En histoire et géographie, l’ESD aborde aussi ces questions mais fait une très large place aux questions historiographiques et épistémologiques. Une place sans doute trop large dans un concours qui a pour objet de recruter des professeurs du secondaire.
Les compétences – indispensables - dans ces domaines théoriques doivent être évaluées, avant, en licence et master.

3. Concernant les stages :
- Il est indispensable que, durant le master, les candidats aient fait un (ou plusieurs) stages d’observation et de pratique accompagnée dans des classes et qu’ils en aient rendu compte. Cette expérience est nécessaire pour éclairer la voie professionnelle qu’ils envisagent et pour enrichir leurs prestations écrites et orales du CAPES, sans pour autant que les sujets qui leur sont posés puissent partir de ces stages (il ne faut pas revenir aux errements de 1992-1993). Faut-il rendre ce stage obligatoire pour pouvoir s’inscrire au concours (comme ce fut le cas, jadis, pour le « stage d’Agrégation ») ? Je le pense.
- Il est tout aussi indispensable de maintenir l’année de stage après le concours et avant la titularisation. Il faut sans doute accepter l’augmentation du temps de service du stagiaire : 2/3 de stage en responsabilité, 1/3 de regroupements de formation et de stage de pratique accompagnée dans l’autre cycle. Avec plein traitement, évidemment. Et possibilité d’effectuer une deuxième année de stage si la première ne suffit pas.
Les lauréats du concours qui auraient déjà au moins un an de pratique de l’enseignement auraient droit à une décharge plus modique (deux heures ?) pour participer à certaines formations.