Chers collègues,
Je ne puis apposer ma signature au bas de ce texte en raison de ses insuffisances rédhibitoires à mes yeux:
1° allusion à "la réforme du recrutement des enseignants", curieux concept au moment où un pan gigantesque de la formation des maîtres et du statut de la fonction publique de 1946 est anéanti;
2° feinte naïveté sur "la présence [dans les jurys] de “représentants de la société civile” dans les jurys", alors même que la LRU a précisé le sens que donne le ministère compétent à cette "présence" : contrôle de la formation des maîtres remis aux organisations patronales, en application de leur très ancienne revendication, particulièrement impérieuse depuis 1968.
3° silence sur l'attachement à un concours unique et national. La phrase "Ce moratoire devrait au minimum permettre une mise au point d’un cadrage national précis des nouveaux masters établi par discipline" n'ose même pas aller jusque là: que serait le "au maximum"? Des universitaires auront donc lancé une pétition du "minimum", étonnante vu la gravité du processus de destruction de l'université française en cours.
4° silence sur la question des postes mis au concours et leur nature (voir le point suivant).
5° requête d'un "moratoire pour la mise en œuvre des nouvelles dispositions" assorti du refus de "prendre ici position sur l’économie générale du dispositif proposé par le ministère". Il semble qu'il convienne de considérer comme un "interlocuteur" bien disposé un ministère qui détruit par décret les fondements de l'université et de la formation des maîtres, mais dont on conteste la seule "précipitation" dans la "propos[ition]". On ne peut que s'étonner du silence "sur l’économie générale [d'un]dispositif" liquidant, entre autres, par décret du 30 octobre (les coups se succédant quasi quotidiennement), le statut de 1984 des enseignants-chercheurs, décret qui apporte une réponse à la question du statut des postes futurs (voir le point précédent).
Le moratoire nous autoriserait à "participer, dans l’urgence, à un échange de vues et un débat sur les nouveaux masters « enseignement » et sur les modalités des nouvelles épreuves des concours de recrutement des enseignants". Quels concours?, le CAPES disparu? Au terme de cet échange entre nous, que ferons-nous lorsque le ministère, qui a signifié par voie réglementaire son veto contre tout "échange", maintiendra son décret sur le CAPES comme tous ceux qui définissent "l’économie générale du dispositif" non pas "proposé par" lui mais décrété. Redemanderons-nous comme l'épouse de la Barbe Bleue un délai au bourreau en comptant sur les services de "sœur Anne"?
Aucune leçon n'est tirée des déconvenues qui ont accueilli les vaines espérances placées par l'organisation SLR dans la bonne volonté du ministère, confiance infondée qui a paralysé la résistance des personnels. Opposée à la liquidation du système éducatif français, je réclame simplement qu'une pétition contre la mort du concours unique et national de recrutement des maîtres établisse "au minimum" une liste claire d'objectifs de résistance et d'action. Le pathétique appel à ne "pas nous taire" suppose unpropos précis.
Je ne puis apposer ma signature au bas de ce texte en raison de ses insuffisances rédhibitoires à mes yeux:
1° allusion à "la réforme du recrutement des enseignants", curieux concept au moment où un pan gigantesque de la formation des maîtres et du statut de la fonction publique de 1946 est anéanti;
2° feinte naïveté sur "la présence [dans les jurys] de “représentants de la société civile” dans les jurys", alors même que la LRU a précisé le sens que donne le ministère compétent à cette "présence" : contrôle de la formation des maîtres remis aux organisations patronales, en application de leur très ancienne revendication, particulièrement impérieuse depuis 1968.
3° silence sur l'attachement à un concours unique et national. La phrase "Ce moratoire devrait au minimum permettre une mise au point d’un cadrage national précis des nouveaux masters établi par discipline" n'ose même pas aller jusque là: que serait le "au maximum"? Des universitaires auront donc lancé une pétition du "minimum", étonnante vu la gravité du processus de destruction de l'université française en cours.
4° silence sur la question des postes mis au concours et leur nature (voir le point suivant).
5° requête d'un "moratoire pour la mise en œuvre des nouvelles dispositions" assorti du refus de "prendre ici position sur l’économie générale du dispositif proposé par le ministère". Il semble qu'il convienne de considérer comme un "interlocuteur" bien disposé un ministère qui détruit par décret les fondements de l'université et de la formation des maîtres, mais dont on conteste la seule "précipitation" dans la "propos[ition]". On ne peut que s'étonner du silence "sur l’économie générale [d'un]dispositif" liquidant, entre autres, par décret du 30 octobre (les coups se succédant quasi quotidiennement), le statut de 1984 des enseignants-chercheurs, décret qui apporte une réponse à la question du statut des postes futurs (voir le point précédent).
Le moratoire nous autoriserait à "participer, dans l’urgence, à un échange de vues et un débat sur les nouveaux masters « enseignement » et sur les modalités des nouvelles épreuves des concours de recrutement des enseignants". Quels concours?, le CAPES disparu? Au terme de cet échange entre nous, que ferons-nous lorsque le ministère, qui a signifié par voie réglementaire son veto contre tout "échange", maintiendra son décret sur le CAPES comme tous ceux qui définissent "l’économie générale du dispositif" non pas "proposé par" lui mais décrété. Redemanderons-nous comme l'épouse de la Barbe Bleue un délai au bourreau en comptant sur les services de "sœur Anne"?
Aucune leçon n'est tirée des déconvenues qui ont accueilli les vaines espérances placées par l'organisation SLR dans la bonne volonté du ministère, confiance infondée qui a paralysé la résistance des personnels. Opposée à la liquidation du système éducatif français, je réclame simplement qu'une pétition contre la mort du concours unique et national de recrutement des maîtres établisse "au minimum" une liste claire d'objectifs de résistance et d'action. Le pathétique appel à ne "pas nous taire" suppose unpropos précis.
Je vous remercie de diffuser l'explication de mon refus de signature aux collègues signataires.
Bien cordialement,
Annie Lacroix-Riz, professeur des universités, histoire contemporaine,université Paris 7